25.10.21.
En vue de la conférence d’Abuja, des processus de consultation ont été lancés avec des enfants du Sahel (Cameroun, Burkina Faso, Mali, Niger, Nigeria, Tchad) par les agences de Joining Forces, en se concentrant sur leurs expériences et sur la façon dont ils sont affectés par les attaques contre l’éducation.
Cette lettre ouverte a été alimentée par les résultats de ces consultations, y compris un appel à l’action aux gouvernements et aux autres agences humanitaires, aux OSC et aux autorités traditionnelles.
Au Président de l’Union Africaine,
Aux Gouvernements du Cameroun, du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Nigéria, du Tchad par les
Ministres de l’Éducation et les Ministres du Genre/Affaires féminines
Aux Institutions Régionales (CEEAC, CEDEAO),
Aux Représentants de l’ONU (notamment l’UNESCO, l’UNICEF, ONU Femmes)
À la Communauté Internationale par l’intermédiaire du Président de la Commission Européenne
Aux membres des Forces armées
À tous les dirigeants communautaires et le peuple du Sahel
Nous, les enfants du Cameroun, du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Nigéria, du Tchad, représentons plus de 8 millions d’enfants qui ont été forcés de quitter l’école en raison d’attaques armées contre l’éducation.
« Un jour, nous étions à l’école et les gens sont venus nous dire de fermer l’école. Ils nous ont donné le temps de partir et nous ont dit que s’ils revenaient et trouvaient quelqu’un à l’école, ils le tueraient. »
Une jeune fille de 13 ans. Burkina Faso.
« J’étais en deuxième année, des bandits armés nous ont avertis de fermer les écoles. »
11 ans, fille. Mali.
Nous sommes confrontés à la violence sexuelle de groupes armés à l’école, sur les routes menant à l’école et, dans certains cas, des filles et des enseignantes sont enlevées. Les élèves filles et les enseignantes recrutées ou enlevées sont utilisées comme « épouses » ou utilisées pour jouer d’autres rôles dans le soutien aux opérations militaires. Pour les garçons, ils sont ciblés et recrutés comme des combattants armés.
Pour les filles, lorsque nous abandonnons l’école, même pour de courtes périodes, nous sommes
forcées de nous marier. La situation s’est aggravée avec l’avènement de la COVID-19 qui nous a forcé à rester à la maison et a également amenés beaucoup de nos amies à tomber enceintes. Nous nous associons aux membres de l’alliance Joining Forces pour appeler à la sécurité dans les écoles au Sahel maintenant et demander que les mesures suivantes soient prises de toute urgence !
« Je suis fière d’être associée à cette lettre ouverte parce que j’ai déjà écrit une lettre au gouverneur
de ma région avec un cœur plein de tristesse lui demandant de faire tout son possible pour faciliter le
retour de mes amis et moi, qui ne sommes pas à l’école en raison de l’insécurité, pour nous assurer un
avenir meilleur. »
Jeune fille de 14 ans du Mali.
Au nom de tous les enfants du Sahel, nous, les enfants, en particulier les filles du Cameroun, du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Nigeria, du Tchad en partenariat avec l’alliance Joining Forces de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, voudraient appeler :
- Tous les gouvernements à approuver, mettre en œuvre et soutenir la Déclaration sur la sécurité
dans les écoles, y compris en allouant des ressources adéquates pour sa mise en œuvre. - Toutes les parties aux conflits armés à cesser immédiatement les attaques illégales contre les
écoles et les universités, et le long des routes vers l’école. Il s’agit notamment de ces abus
spécifiques à l’encontre des élèves, des enseignant(e)s et d’autres membres du personnel
éducatif. - Il faut investir et veiller à ce que des programmes d’apprentissage alternatifs appropriés soient
mis à la disposition de tous les élèves qui ne sont pas scolarisés en raison de conflits armés et
d’insécurité. - Les écoles occupées par les forces armées et les groupes armés pendant la pandémie devraient
être évacuées et réparées. - Pour plus d’engagement de la part de tous nos gouvernements à protéger nos écoles. Parce que
sans éducation, nous ne pouvons pas apprendre. Nous avons droit à l’éducation pour chaque
enfant. S’il vous plaît, nous avons besoin de votre aide pour jouir pleinement de notre droit. - Les gouvernements, à faciliter le retour des enfants déplacés dans leurs localités parce qu’ils
sont mieux chez eux. - Les chefs religieux, à prêcher la non-violence et la tolérance religieuse.
- Les chefs traditionnels, à sensibiliser leurs communautés à mieux vivre ensemble parce que
nous avons droit à l’éducation et à la protection.
Nous aimerions voir tous nos amis dans des écoles sécurisées. S’il vous plaît, faites de votre
mieux pour nous garantir des écoles plus sûres.
Merci.
Les enfants au Cameroun, au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Nigéria, au Tchad en partenariat avec
l’alliance Joining Forces de l’Afrique de l’Ouest et du Centre au nom de tous les enfants du Sahel.
*Les noms des enfants dans cette lettre ouverte ont été modifiés pour protéger l’identité des répondants.