Raissa est une enfant séparée (ES), survivante de viol et vivant avec le VIH qui réside sur le site des déplacés internes situé à 3 km de Bria en République Centrafricaine. A l’âge de 9 ans, l’adolescente a perdu ses parents. Ces derniers ont été tués par les groupes armés pendant la crise en 2017 et depuis lors, Raissa vit avec sa tante maternelle qui s’occupe d’elle avec ses sis autres cousins.
Raissa souffre de maladie de la peau depuis sa naissance. Elle était stigmatisée par les autres qui ne voulaient pas s’approcher d’elle car selon eux, elle allait les contaminer. Cette situation l’a contraint à arrêter ses études à l’âge de 9 ans car elle ne pouvait plus supporter les moqueries et la stigmatisation des autres enfants à l’école. Une fois dans la communauté, la situation de Raissa était la même qu’elle vivait à l’école. Cela l’a poussé à s’isoler et la plupart de temps elle restait recluse car les autres enfants ne voulaient pas l’approcher.
Sa situation n’a pas été facilitée par les adultes de la communauté qui interdisaient leurs enfants de s’approcher de Raissa car selon eux, elle risquerait de contaminer les autres enfants s’ils s’approchaient d’elle. Le fait de s’isoler, et n’ayant personne autour d’elle, Raissa a été victime d’un viol à l’âge de 14 ans par un membre de la communauté. Malheureusement après l’acte de viol, Raissa a attrapé la grossesse et la situation de l’adolescente s’est compliquée davantage : stigmatisée, violée, grossesse à l’issu du viol l’adolescente est devenue agressive et cela a renforcée sa solitude.
Elle s’exprime ainsi en ces termes ‘’ C’était très difficile pour moi quand j’ai été victime de viol. Je faisais des rêves horribles pendant la nuit. J’avais tellement mal au bas ventre après ce qui m’étais arrivée. Je ne mangeais pas bien à la maison parce que ma tante avait du mal à s’occuper de moi. A cause de tous ces facteurs, j’étais devenu agité et parfois très agressive’’.
Il convient de mentionner que la tante maternelle de la jeune fille ne dispose pas d’assez de moyens pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle pratique le commerce de la vente du bois de chauffage qu’elle va chercher dans la forêt chaque matin. A côté de cela, la tante de Raissa compte sur l’assistance humanitaire des organisations non gouvernementales intervenant dans le site des déplacés internes (PK3) pour répondre aux besoins de sa famille. Au sein du ménage, Raissa vient en aide à sa tante et participe quotidiennement aux tâches ménagères tout au long de la journée (ménage, lessive, puisage de l’eau potable, cuisine etc). Après avoir effectué ses tâches ménagères, l’adolescente s’isole et se replie sur elle même dans la soirée.
La tante maternelle de l’enfant s’était approchée des staffs terrain et des structures communautaires de protection pour expliquer la situation de l’adolescente lors d’une sensibilisation de masse organisée sur les VBG sur le site des déplacés internes (PK3). Les membres des réseaux communautaires de protection du projet (RECOPE) avaient aussitôt référé la tante et l’enfant au Centre d’Ecoute et de Conseil (CEC) pour une prise en charge adéquate auprès du gestionnaire de cas du projet. Après écoute, l’enfant a été aussitôt référé à Médecins Sans Frontières (MSF) pour la prise en charge médicale approprié (maladie de la peu et viol). A la suite des examens médicaux, il a été confirmé que Raissa est enceinte de 2 mois et a été infecté au VIH.
Dans le cadre de l’intervention relative à la prise en charge des cas, Il convient de préciser que la préidentification des cas est effectuée par les structures communautaires de protection qui procèdent directement au référencement des cas vers les gestionnaires de cas du projet qui identifient formellement le cas. Les cas sont ainsi formellement identifiés selon les critères de ciblage définit par le projet, mais aussi par les procédures standards opérationnelles de la gestion des cas en République centrafricaine qui présente les critères de vulnérabilité des cas et l’admissibilité au processus de gestion de cas.
Face à la situation de Raissa mentionnée précédemment, le projet a ainsi déroulé son paquet d’activités pour garantir le bien-être de l’adolescente depuis Décembre 2023 à nos jours. L’enfant a ainsi bénéficié d’une prise en charge psychosociale de la part du gestionnaire de cas qui fait un suivi régulier à domicile et au sein du centre d’écoute et de conseils. La tante de la jeune fille a aussi bénéficié des écoutes et conseils afin d’accepter la situation et de mieux prendre en charge l’Enfant.
L’appui en kit de dignité a aussi était fait dans le but de promouvoir la dignité de cette adolescente vulnérable. Par ailleurs, l’enfant été référé au sein de l’Espace Amis des Enfants (EAE) dans le but de renforcer sa résilience, mais aussi dans le souci de socialiser avec ses pairs. Elle apprécie vivement les activités psychosociales et participe régulièrement. Il convient de mentionner que l’Espace Ami des Enfants (EAE) est un lieu qui offre aux enfants un cadre sécurisé dans lequel ils peuvent participer à des activités organisées dans le but de se divertir, de se socialiser, d’apprendre et de s’exprimer tout en refaisant leur vie. Les différentes activités psychosociales menées permettent aux enfants de renforcer leur résilience c’est -à- dire la capacité à surmonter un ou plusieurs évènements douloureux vécus. Les différentes activités psychosociales menées au sein des EAE sont entres autres : Les activités créatives
(dessein etc), les activités imaginatives (danse, chant, jeux de rôle etc), les activités physiques (sport, jeux d’enfants traditionnels locaux etc), les activités communicatives contes, causeries en groupe etc), les jeux de manipulation (les jeux de construction, puzzles, jeux de société etc). Toutes ces activités susmentionnées sont encadrées par des Moniteurs qui sont sélectionnés au niveau de la communauté et formés par le projet.
En plus, sa tante a bénéficié de l’appui en cash (50.000 FCFA) pour lui permettre d’acheter les produits de premières nécessités et faire le suivi médical de l’enfant à l’hôpital (MSF) pour sa grossesse et sa situation sanitaire délicate. A la suite de son accouchement, qui s’est bien déroulé, le projet a appuyé cette dernière en kit layette en juin 2024.
Après (01) un à (02) deux mois de sa participation dans l’espace amis des enfants (EAE), les Moniteurs ont réussi à amener les autres enfants à s’approcher de Raissa, c’est ce qui l’a permis de socialiser avec les autres, une chose tant rêvée, car elle était toujours stigmatisée et rejeter par les autres. Il convient de soligner
La tante de la jeune fille et la communauté n’ont jamais imaginé la voir calme, sereine par rapport à autrefois. Grace aux différentes sensibilisations menées sur l’acceptance et les VBG, les parents et les membres de la communauté ont fini par comprendre qu’un enfant malade (maladie de la peau) et victime d’abus sexuels peut être appuyé, pendre sa vie en main et continuer d’œuvrer pour le bien de sa communauté.
Grace à ce projet de protection de l’enfance mise en œuvre par Plan International, les parents et la communauté peuvent espérer voir leurs filles victimes de stigmatisation, d’abus sexuels retrouver leur quiétude, leur sérénité et leur joie de vivre. Ainsi grâce aux différentes interventions du projet (soutien psychosocial, activités psychosociales au sein des EAE, programme de compétences de vie courante, appui en cash, appui en kit de dignité, appui en kit layette), Raissa est actuellement devenue joviale, sociable et échange avec ses pairs qui l’acceptent et l’intègrent.
‘’J’aimerais voir cette adolescente être formée dans un domaine technique et professionnel pour qu’elle puisse dans l’avenir s’occuper de son enfant, aider la société et surtout aider ses pairs qui se trouveraient dans une situation similaire en citant son exemple bien évidemment. Je remercie aussi Plan International pour l’aide apportée à tous les enfants ayant des problèmes de protection majeure. Beaucoup d’autres enfants en témoignent dans ma localité’’ nous déclare le chef du bloc 24 du site des déplacés internes (PK3 Colline).
Au cours de la phase 2, le projet joining Forces for Food Security and Child Protection in Emergencies (JF-FS & CPiE)’’ continuera davantage de renforcer la résilience de la jeune fille via le soutien psychosocial dans le cadre de la gestion des cas et les activités psychosociales au sein des (espaces amis des enfants) EAE. Par ailleurs, l’adolescente participera aux causeries éducatives au sein des Espaces Amis des Enfants (EAE) sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE) et aux séances de démonstrations culinaires avec les filles mères dans le cadre du programme de compétences de vie courante afin d’être mieux outillé pour assurer la nutrition et l’alimentation son enfant. Le projet prévoit d’insérer l’adolescente dans les formations professionnelles afin de garantir son autonomie et sa capacité à prendre en charge son enfant. Dans le cadre de la prise en charge de l’enfant de l’adolescente, le projet compte l’insérer dans le programme de prévention à la malnutrition dans le centre nutritionnel à Bria.
This publication was produced with the financial support of the German Humanitarian Assistance
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