Au Mali, le déficit de communication entre parents et enfants engendre beaucoup de problèmes dans la communauté (famille, école…) et se répercute sur l’éducation bienveillante des enfants. Certaines formes de violences notamment les mariages d’enfants ou forcés, les violences sexuelles, les grossesses non désirées découlent en partie de ce manque de communication.
Il est sans doute évident que les pesanteurs socio culturelles constituent au Mali un frein pour les parents d’aborder certains sujets dits tabous avec les enfants notamment la sexualité qui demeure toujours un sujet tabou dans la société.
L’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication a rendu possible la communication entre pairs via les réseaux sociaux leur permettant ainsi de se connecter et de partager leur quotidien en temps réel.
En général, les informations qu’ils reçoivent sur ces réseaux ne sont pas forcément les bonnes et quelques fois, elles les exposent à des contenus non désirables comme des messages haineux et violents. De plus, il arrive que certains soient victimes de cyberharcèlement, de cybercriminalité et de diffusion d’informations en lien avec la vie privée…
Notre vision : Parentalité sans violence
La mise en œuvre des sessions de parentalité sans violence à travers le projet JOFA dans les communes II et IV du District de Bamako (capitale du Mali) a été un moyen pour promouvoir la communication entre parents et enfants en vue de réduire les violences contre les enfants et d’améliorer le cadre de vie familial et environnemental de ceux-ci.
Ces sessions constituent l’une des approches du projet JOFA pour apporter un soutien aux parents et aux tuteurs dans la gestion de leurs relations avec leurs enfants. Ces relations sont fondées sur la coopération, la communication, l’écoute, le respect mutuel et la compréhension des besoins de l’enfant.
Dans les communes concernées, deux groupes de parents et un groupe d’enfants ont ainsi été mis en place et chacun participe régulièrement aux sessions de parentalité sans violences animées par les membres des réseaux communautaires de protection.
Séances d’animation avec le groupe de parents
Dans un quartier de la commune II du district de Bamako, Kadidia* Présidente du réseau de parents de sa localité, est mère d’une jeune fille de 15 ans. Depuis le décès de son mari, elle a constaté un changement de comportement de la part de sa fille
De plus en plus distante, triste et méfiante, la fille de Kadidia souffrait de la disparition tragique de son père. « Des fois elle s’isole seule dans sa chambre » nous témoigne Kadidia.
Grâce à nos sessions de parentalité, Kadidia a pu détecter les raisons qui poussaient sa fille à adopter une distance vis-à-vis d’elle et s’est engagée à y apporter une réponse..
En effet, Kadidia nous confie que seul son mari, montrait de l’affection et s’intéressait à tout ce qui concernait leur fille avant son décès. Après la mort de ce dernier, sa fille a commencé à ressentir un grand vide et souffrait énormément. Kadidia a reconnu l’absence de communication entre elle et sa fille avant d’affirmer que « les sessions ont été un déclic pour elle ».
La session de parentalité sans violence comprend plusieurs moments d’introspection. Il est demandé souvent aux participants de visualiser à quoi ressemble un bon avenir pour eux et de les intérioriser. On leur demande également de se souvenir de moments où ils se sont comportés de manière inappropriée envers leurs enfants.
Kadidia nous affirme que sa façon de se comporter envers sa fille a changé depuis qu’elle participe aux sessions du groupe de parents.
« Je promets de communiquer avec respect et affection avec ma fille. C’est le lieu pour moi de remercier l’ONG Educo à travers son projet JOFA pour l’opportunité offerte à nous parents pour partager nos problèmes et surtout nos ressentis »
Kadidia note particulièrement sa satisfaction quant à l’implication des enfants dans certaines sessions. Cela leur permet de savoir que nous ne sommes pas des ennemis mais de potentiels alliés.
Tout comme Kadidia, plusieurs parents participants aux sessions nous confient avoir beaucoup appris quant à la façon de se comporter avec leurs enfants. Souvent à cause de leurs occupations, certains parents n’accordaient pas assez de temps d’échanges avec les enfants.
Avantages et défis de la formation « Parentalité sans violence »
- Le modèle de parentalité sans violence contribue :
- Au renforcement des liens entre parents et enfants (dialogue entre parents et enfants) ;
- A la réussite de la communication familiale ;
- A la prise de conscience des parents à échanger avec leurs enfants.
Ces témoignages mettent en évidence le changement de comportement des parents envers leurs enfants et vice-versa. Les sessions de parentalité ont comme résultat : le renforcement des liens familiaux centré sur la communication pour résoudre les problèmes.
*Pas de nom réel