Joining Forces for Food Security and Child Protection in Emergencies / Burkina Faso

Christine

Je me nomme Christine, je suis originaire d’une commune située à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Kaya a Burkina Faso. Je me suis déplacée à Kaya avec mon mari et 6 de nos enfants suite aux attaques de notre commune par un groupe armé terroriste en février 2022. On a fui de notre village à pied sans rien prendre pour sauver nos vies et celles de nos enfants. Bétail, vivres, documents administratifs, vélos, motos et d’autres biens sont tous restés à Barsalogho. Et quand nous sommes arrivés à Kaya, les autorités nous ont accueilli sur le site des 38 villas où nous avons fait un mois et demi. C’est finalement le 15 mars 2022 que nous avons rejoint une cour non lotie construit par le petit frère de mon mari dans un quartier périphérique.

Quand j’étais à Barsalogho, je cultivais et je faisais le jardinage de tomates, des choux, des aubergines et des oignons avec mon mari qui le revendait à Kaya et à Ziniaré. En plus de cela, je vendais des gâteaux, des tourteaux d’arachides au marché de Barsalogho et je gagnais des bénéfices. Ces activités nous aidaient mon mari et moi à payer des vivres, à nous acquitter des frais scolaires de quatre de nos enfants et à payer des produits pharmaceutiques en cas de maladie. Tout allait bien avec nos enfants jusqu’au jour où le drame est arrivé. De nos jours, ce n’est qu’un souvenir et je revis la situation à chaque moment que je pense à ma vie antérieure où je pouvais subvenir aux besoins de mes enfants, de ma famille et de mes parents. 

Mon histoire a commencé avec la première phase de l’intervention. En effet, le projet a organisé une assemblée générale des enfants du quartier Kouimkouli et a mis en place un club composé de trente enfants. Un de mes enfants a été élu adjoint au délégué chargé à l’information par ses pairs. Après cette élection, le projet a organisé une réunion avec les parents des enfants membres du club du quartier et mon mari m’a dit d’aller assister. J’ai été participée. Trois personnes composées de deux hommes et une femme ont échangé avec nous sur les activités du projet, les localités où le projet intervient, les activités qui seront organisées avec nos enfants, ses objectifs, ses impacts sur les enfants et nous-mêmes les parents des enfants. Ils ont aussi lu le règlement intérieur que les enfants eux-mêmes ont proposé afin de pouvoir apprendre dans des bonnes conditions et dans un respect mutuel. Après cela, ils ont négocié un programme avec nous les parents des enfants et j’ai été désignée déléguée chargée à l’information et j’avais pour rôle d’informer les parents des enfants membres du club de Kouimkouli la date, le lieu, l’heure et le thème de chaque atelier de parentalité positive.  

Au total, dix ateliers de parentalité positive ont été organisés. Chaque semaine, je participais à un atelier de parentalité positive ce qui veut dire que nous avons quatre ateliers de parentalité positive dans le mois.

J’étais irritée parce que quand on était au village à Barsalogho, on n’avait pas eu la chance d’avoir ces genres d’échanges qui réunissaient les parents des enfants. Je ne percevais pas l’importance de donner la parole à un enfant, recueillir son avis ou lui donner la permission de parler devant ses parents ou un adulte quel que soit la famille.    

C’est à force de participer aux ateliers que j’ai beaucoup appris l’importance de ces rencontres qui servent de cadre de partage d’expérience, d’acquisition des connaissances et qui soulagent beaucoup de nos soucis car j’avoue que notre situation était tellement compliquée que je ne voyais pas le changement positif que j’allais avoir par la suite. A travers ces ateliers, j’ai appris comment adopter un comportement qui a renforcé l’estime de soi de mes enfants, comment mettre en pratique une communication ouverte, respectueuse et non violente avec mes enfants tout en prenant en compte leurs besoins, les aidant à reconnaître et à exprimer leurs besoins de manière saine, simple et courtois.  

A noter qu’avant d’intégrer le groupe des parents J’étais un peu violente, je dirai même très violente avec mes enfants comme au village. Je n’hésitais pas à donner des gifles, des fessés et des corvées. Ils craignaient donc de s’approcher de moi pour me faire part de leurs besoins ou d’échanger avec moi sur un sujet les concernant mais, avec les leçons tirées des ateliers de parentalité positives et des VAD que l’animateur du projet organisait, j’ai appris à comprendre mes enfants et à me rapprocher davantage d’eux. Actuellement, je suis plus proche de mes enfants, je les écoute et je crée un environnement favorable et convivial aux échanges. Ils sont joyeux et respectueux et n’hésitent pas à exprimer maintenant leurs besoins et de donner leur avis. Quant à mon mari, nous échangeons entre nous sur les mauvais comportements à bannir pour un développement harmonieux de nos enfants.  

Quand nous avons bouclé le programme de parentalité positive, l’animateur et le chargé de projet ont organisé une rencontre avec nous les parents des enfants. Ils ont demandé aux membres comment le groupe va fonctionner ? Le programme est fini mais le groupe demeure toujours et les activités doivent continuer avec l’initiative des parents.

Est-ce-que les membres peuvent rester ensemble pour organiser des causeries sur des thèmes de protection de l’enfant ? Que faire pour que le groupe ne disparait pas ? Au cours des échanges, j’ai proposé que les membres du groupe continuent de se rencontrer ne serait-ce qu’une fois dans le mois pour échanger sur les conséquences des violences faites aux enfants, le mariage d’enfant, les grossesses précoces, les actions à mener pour mieux protéger nos enfants contre les violences…parce que parmi nous les personnes déplacées internes et mêmes parmi les populations hôtes, je vois comment les enfants souffrent à cause des maltraitances et des violences physiques.

Sur cela, le chargé de projet et l’animateur ont donné leur avis en disant que leur souhait et celui du projet est que les membres du groupe continuent de se rencontrer à travers un programme d’activité. Ils ont mentionné des causeries sur la protection de l’enfant comme des exemples d’activité que le groupe peut continuer de mener. Ainsi, les thèmes pourront être animés à tour de rôle car, ils vont suivre le groupe. Aussi, ils nous proposé de transformer le groupe en système d’épargne crédit en nous expliquant les avantages des épargnes, le règlement intérieur et le processus de mise en place du système d’épargne crédit. Nous avons trouvé que c’est une belle initiative qui va nous aider à avoir des prêts pour mener nos AGR.

Nous avons d’abord commencé les réunions où ils nous ont expliquer les règles à suivre, le matériel qu’il nous faut et le nombre de membre à ne pas dépasser. Quand ils ont vu que nous avons bien compris l’importance et nous sommes engagés ensemble pour la réussite de l’activité, ils sont venus avec le matériel composé d’une caisse, des carnets, des bancs, des cachets, des cahiers et 3 cadenas.  Ils nous ont formé pendant trois jours sur le système d’épargne crédit AVEC et nous avons mis en place le groupe d’épargne crédit.  

Ensemble, nous avons convenu d’organiser chaque dimanche une causerie sur un thème (conséquences des grossesses précoces, la participation des enfants dans les choses les concernant à la maison et dans nos quartiers, les conséquences des violences qu’elles soient physique ou morale). Celles-ci nous permettent de sensibiliser les pairs, d’attirer l’attention des unes et des autres à observer, détecter et de signaler aux membres CCPE des cas. Après chaque causerie qui dure au minimum 20 minutes, nous entamons la réunion des épargnes pendant laquelle la trésorière et la secrétaire font le bilan de la caisse, reçoivent les épargnes et ou octroient des crédits à celles qui veulent entreprendre une activité génératrice de revenu. De nos jours, on comptabilise la somme de 547.200 francs dans notre caisse. Avant de se dire aurevoir, on échange sur les évènements sociaux (cas de mariage religieux ou coutumiers, funérailles et baptêmes) dans le quartier ou chez un membre du groupe.  

Avec les bénéfices, j’ai non seulement pu rembourser le prêt mais, j’ai aussi payé les frais scolaire et les kits scolaires de deux de mes enfants une fille et un garçon de 12 et 14 ans en octobre 2024.  

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Mon souhait le plus ardent est que le projet forme les femmes sur la fabrication des produits non ligneux, le soumbala, la saponification, l’attiéké, la patte d’arachide et le petit commerce car, parmi les membres du groupe d’épargne crédit il y a des femmes qui prennent des crédits mais n’ont pas bénéficié de formation pour entreprendre. Aussi, nous aider en créant un deuxième groupe car nous avons d’autres femmes dont certaines sont des veuves qui veulent intégrer le groupe qui est très bénéfique pour nous aujourd’hui mais malheureusement nous sommes déjà 30 membres alors qu’on ne peut prendre au-delà de 30 personnes.    


German Humanitarian Assistance

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